« Rien ne se perd, tout se transforme. » Colette écrivaine et journaliste aurait pu faire sienne la maxime de Lavoisier. De la masse immense des articles qu’elle publia dans Le Matin, elle sut tirer la matière de nombreux ouvrages : La Paix chez les bêtes, Les Heures longues, Dans la foule, La Chambre éclairée…
Dans La Femme cachée, publié comme Aventures quotidiennes par Flammarion, Colette rassemble une série d’articles parus dans le journal du 19 novembre 1921, pour le plus ancien, au 20 janvier 1923, pour le plus récent. Toutefois, le recueil se distingue des précédents par la nature des textes. Il ne s’agit plus ici de chroniques inspirées par le quotidien, mais bien de courts récits, de brèves nouvelles ou de contes à la manière de Maupassant…
L’ensemble formé par ces textes est unique dans l’œuvre par sa cohérence formelle et thématique. D’une longueur toujours égale – imposée par la publication dans la presse, mais plus certainement par le rythme profond de l’écriture -, chaque texte explore dans une grande économie de moyens stylistiques, la face cachée de l’amour, c’est-à-dire la plus sombre. Crimes, trahison, solitude, illusions sont au menu de ces « noires idylles » comme les nomment Claude Pichois et Alain Brunet.
Lapidaires par leur brièveté, mais plus encore par leur perfection diamantine, les vingt-deux textes de La Femme cachée ont toujours eu les faveurs des plus fins lecteurs de Colette.