C’est Alain Brunet, un des plus éminents spécialistes de Colette, co-directeur avec Claude Pichois de l’édition des Œuvres de Colette dans La Pléiade et co-auteur avec le même de la biographie Colette, prix Goncourt de la biographie 1999, que l’on doit l’édition de ce texte inédit.
Un temps enseignant, époque dont il conserva longtemps le regret, Alain Brunet avait fait l’essentiel de sa carrière dans l’édition où s’exerçait sa rigueur pointilleuse. Engagé au Livre de Poche où il supervisait avec maestria la correction des volumes, il eut à cœur, à l’occasion du cinquantenaire de la mort de Colette, de proposer au directeur de l’époque Dominique Goust l’édition d’un texte publié dans Match, le 30 mars 1939.
Dans ce conte cruel qui peut être rapproché des textes de La Femme caché, un recueil qu’Alain Brunet aimait beaucoup, Colette met en scène un avocat, M° Philippe Margat, et sa femme, Lila, propriétaire d’un collier de perles auquel elle tient par-dessus tout. Mais voilà que de retour chez elle après une soirée chez un couple d’amis, le collier est perdu. Affolement, cris, discussions. Tout est envisagé. Mais alors que tout semble perdu, Lila entre désespérée dans sa chambre et trouve sur sa coiffeuse le collier de perles : « Elle le saisit d’une main incertaine, échauffa entre ses seins la peau vivante des perles, et fléchit sous la fatigue sans bornes des destructeurs qui ont rempli leur mission. »
Le texte avait été également repris dans le Cahier Colette n°25, Société des amis de Colette, 2003.