Colette sur scène

1905

9 juin : Au cours d’une garden-party qu’organise chez elle Natalie Barney, 25, rue du Bois-de-Boulogne, à Neuilly, Colette figure dans une de ces pantomimes pastorales qu’affectionne la maîtresse de maison. C’est à cette occasion que se produit Mata-Hari.
23 juin : De nouveau chez Natalie Barney, Colette joue dans le Dialogue au soleil couchant de Pierre Louÿs. Elle évoque cet événement dans Mes apprentissages : « A force de trac, les r roulants de mon accent bourguignon devinrent russes. »

1906

6 février (9, 10, 13-25) : Débuts publics avec Le Désir, la Chimère et l’Amour, une pantomime de Francis de Croisset et Jean Nouguès créée sur la scène du théâtre des Mathurins. « Je joue un faune qui court après les nymphes, confie Colette Willy au journaliste Michel Georges-Michel, dans le Gil Blas, du 1er février. J’ai du poil aux oreilles, je saute un mur, je danse. »
12-14 mars : Le Désir, la Chimère et l’Amour au Palais des Beaux-Arts de Monte-Carlo.
Deuxième quinzaine de mars : Le Désir, la Chimère et l’Amour est joué à Bruxelles, au Cercle de l’Union artistique.
30 mars-16 avril : Aux innocents les mains pleines, fantaisie boulevardière en un acte de Willy et Andrée Cocote (pseudonyme d’André Trémisot), que Colette joue en travesti au Théâtre-Royal, 23, rue Royale (aujourd’hui disparu).
1er octobre-2 novembre : A l’Olympia, Colette joue La Romanichelle, pantomime de Paul Franck sur une musique d’Edouard Mathé.
18 novembre : Colette Willy participe, salle Hoche, au gala donné au profit de l’Œuvre d’Alphonse XIII. Au même programme, Caroline Otero et Liane de Pougy.
27 novembre : au Cercle des arts et des sports, Colette reprend La Romanichelle. Cette fois, Missy tient le rôle qu’interprétait Paul Franck à la création.
28-30 novembre : à Marigny, où le théâtre de l’Œuvre a provisoirement élu domicile, elle joue le rôle de Paniska dans Pan de Charles Van Lerberghe. Ses partenaires sont Lugné-Poe et, pour la première fois, Georges Wague.
Vers le 6 décembre : Pan à Bruxelles.
15 décembre : Colette et Missy donnent La Romanichelle au Moulin-Rouge, lors d’une fête organisée par le journal Les Sports.

1907

3 janvier : Première (et dernière) représentation de Rêve d’Egypte, un tableau de la revue du Moulin-Rouge. La pantomime est signée Yssim (pseudonyme transparent de Missy) sur une musique d’Edouard Mathé. La présence d’une Morny sur les planches, le baiser qu’échangent Colette et Missy vont provoquer un énorme scandale. Le préfet de police Lépine interdit alors à Missy de reparaître sur la scène. Le lendemain le titre a changé – Songe d’Orient – et Georges Wague reprend le rôle de Missy, sans que le chahut s’apaise pour autant. Le spectacle est alors définitivement interdit à Paris.
13-16 mars : Rêve d’Égypte au théâtre des Capucines, à Nice.
2 mai-31 juillet : Marigny-Revue, revue en 12 tableau de Jules Oudot, Paul Briollet et Léo Lelièvre.
1er-18 octobre 1907 : première collaboration de Colette avec Sacha Guitry pour Le Crin, comédie en un acte jouée au Tréteau-Royal.
1er-30 novembre : Au théâtre de l’Apollo, 20 rue de Clichy, débuts de Colette Willy dans La Chair – la chair, c’est le sein qu’elle dévoile – qui sera son plus grand succès. Scénario signé Georges Wague et Léon Lambert, musique d’Albert Chantrier. En fait, la pantomime a été créée six mois plus tôt, le 16 juin, au Casino de Paris avec la Belle Imperia dans le rôle de Yulka.

1908

16-19 février : La Chair, au Palais des Beaux-Arts de Monte-Carlo
20-23 février : La Chair, à Nice.
26 mars, jour de la mi-carême : Colette participe, au théâtre des Arts que dirige son ami Robert d’Humières, à la soirée donnée pour fêter la 125e représentation du Grand soir, de Léopold Kampf. Elle fait une entrée triomphale, peu vêtue, portée sur une sorte de palanquin par quatre hommes presque nus.
1er avril-4 mai : Reprise de La Chair, à l’Apollo.
9 mai-2 juin : Au théâtre Parisiana, 27, boulevard Poissonnière, Colette reprend le rôle de Claudine, naguère créé par Polaire, dans Claudine à Paris. Colette a quelque peu modifié l’adaptation de Willy et Luvey (Lugné-Poe et Charles Vayre). Sido à Colette, le 14 mai : « J’ai reçu une carte-portrait de Willy derrière laquelle il me confie combien il est ému de ton interprétation du petit personnage que tu as créé et incarné. »
28-29 août : A Genève, au Casino du parc des Eaux-Vives, Colette joue Son premier voyage, une comédie de Léon Xanrof et Gaston Guérin. Colette à Georges Wague, le 1er septembre: « J’ai touché les deux plus gros cachets de ma vie. »
29 septembre-8 octobre : La Chair, à Bordeaux, au Bouffes Variety Spectacle Hall.
[?] octobre : La Chair, à Royan.
[?] octobre : La Chair, à Vichy.
16-18 octobre : La Chair, à l’Alhambra de Rouen.
[?]-29 novembre : Quinze représentations de Claudine à Paris, à l’Alcazar de Bruxelles.
10-16 décembre : Claudine à Paris à la Scala de Lyon.

1909

9 janvier 1909 : Au théâtre des Arts, Colette danse dans La tour du silence, pièce en trois actes du suédois Gustaf Collijn interprétée par Edouard De Max, Véra Sergine et Lou Tellegen.
22 janvier-4 février : En complément de programme, le théâtre des Arts affiche En camarades, deux actes signés Colette Willy qui interprète le principal rôle féminin.
5 février-1er mars : En camarades poursuit sa carrière à la Comédie-Royale, 25, rue Caumartin. « « Elle n’est pas encore rompue à la discipline du métier d’artiste ; sa voix n’est pas mélodieuse, sa diction n’est pas naturelle ; elle roule les r à la façon des vieux comédiens de l’Ambigu, son allure est contrainte, sa physionomie inexpressive. » (Adolphe Brisson, Le Temps, 15 février 1909).
Jeudi 25 février : Colette participe à une soirée de bienfaisance au théâtre Marigny, au cours de laquelle elle interprète une « danse égyptienne », accompagnée à la flûte et à la harpe.
14 avril-16 mai : Première tournée Baret avec Claudine à Paris. Trente-deux villes en trente-trois jours. Sido à Colette, le 29 mars : « Tu vas bientôt partir pour ta grande tournée, mon pauvre Minet. Je ne vois pas ces déplacements avec plaisir : c’est si fatigant ! » Le 11 avril : « Je suis ravie que Missy parte avec toi et de penser que tu as près de toi quelqu’un qui t’aime pour tout de bon. »

Nevers, 14 avril.
Auxerre, 15 avril. Sido à Colette, le 11 avril : « C’est la représentation à Auxerre à laquelle je voudrais assister ! Ce ne sera pas banal, je crois, mais le voyage est long et coûteux. Je pense que tu feras salle comble ! Peut être irai-je… » .
Belfort, 16 avril : « Si la pièce a été convenablement jouée par tous les acteurs, il faut naturellement mettre hors de pair Mme Colette Willy [qui] nous a charmés par sa spontanéité, sa grâce ingénue, sa voix, dans laquelle résonnaient par instants des accents naïfs et rustiques. » ( Le Haut-Rhin républicain, 25 avril 1909).
Nancy, 17 avril.
Besançon, 18 avril.
Dijon, 19 avril.
Chalon-sur- Saône, 20 avril.
Avignon, 21 avril : « Dans le train qui nous emmène de Chalon-sur Saône à Avignon, je m’endors. Quand je m’éveille, je puis croire, pour un somme de deux heures, avoir vieilli de deux mois… C’est le printemps […] l’exubérant, l’éphémère, l’irrésistible printemps du Midi… »
Marseille, 22 avril.
Toulon, 23 avril.
Nice, 24 avril.
Salon-de-Provence, 25 avril.
Nîmes, 26 avril.
Montpellier, 27 avril.
Toulouse, 28 avril.
Pau, 29 avril.
Bayonne, 30 avril.
Bordeaux, 1er et 2 mai : « Chaleur, fatigue, oh ! fatigue… Trois représentations en deux jours… »
Nantes, 3 mai.
Lorient, 4 mai.
Brest, 5 mai.
Rennes, 6 mai.
Caen, 7 mai.
Cherbourg, 8 mai.
Évreux, 9 mai.
Rouen, 10 mai.
Amiens, 11 mai.
Douai, 12 mai.
Lille, 13 mai.
Liège, 14 mai.
Valenciennes, 15 mai.
Saint-Quentin, 16 mai.

4-7 juin : La Chair, à l’Eldorado-Casino de Marseille.
23 août : Claudine à Paris, au Cercle d’Aix-les-Bains.
24 août : Claudine à Paris à Genève, au Casino du parc des Eaux-Vives.
19-25 octobre : Colette et Georges Wague jouent La Chair au Casino-Kursaal de Lyon. C’est à cette occasion qu’elle fait la connaissance de Maurice Chevalier.
26 octobre : La Chair à l’Éden-Concert de Saint-Étienne.
27 octobre : La Chair à Grenoble.
19 novembre-9 décembre : Colette Willy crée le rôle d’Adèle Glaviault dans C’te pucelle d’Adèle, une acte de Sacha Guitry à l’affiche de la Gaîté-Rochechouart. Sido à Colette, le 5 novembre : « Tu vas jouer une paysannerie dis-tu ? Je crois que tu auras du succès. »
10-21 décembre : La Chair, à la Gaîté-Rochechouart.

1910

4-17 février : La Chair, donnée à Bruxelles pour l’inauguration des Folies-Bergère, rue des Croisades, à deux pas de la place de Brouckère. « La pantomime La Chair […] a été interprétée avec conviction par Colette Willy, Christine Kerf et Georges Wague. » (Le Soir, 6 février)
24 février-28 février : La Chair, au Casino-Kursaal de Grenoble.
1er et 2 mars : La Nuit sicilienne, de Lucien Mayrargue, musique de Willy Redstone. Réglée par Georges Wague, cette pantomime a été créée par Christine Kerf le 9 mai 1909, au théâtre Michel, à Paris.
4-7 mars : La Chair, à l’Eldorado de Nice.
5 avril-4 mai : seconde tournée Baret, avec trente villes. Au programme, trois pièces en un acte : La Bigotte de Jules Renard ; La Cruche ou J’en ai plein le dos de Margot, de Georges Courteline et Pierre Wolff (avec Colette Willy et Jacques Marey) ; La Peur des coups, de Georges Courteline (avec Colette Willy et Auguste Mévisto). C’est Courteline lui-même qui dirige les répétitions : « Ce grand écrivain se double, vous le savez, d’un acteur inimitable, dont les moindres indications, les moindres intonations sont pour nous des traits de lumière. Avec lui, on travaille avec joie, avec fierté, sans effort. Je vous assure qu’en sortant de ses mains, j’aurai du talent ! » (entretien « Colette Willy en tournée » Comœdia, 3 avril 1910)
Sido à Colette, le 4 avril : « Je regarde la liste de ton itinéraire et je suis effrayée du nombre de villes où tu vas jouer et je crains que tu aies entrepris une tâche au-dessus de tes forces mais… heureusement, Missy est là. »

Lille, 5 avril
Amiens, 6 avril
Saint-Quentin, 7 avril
Reims, 8 avril
Nancy, 9 avril
Verdun, 10 avril
Belfort, 11 avril : « Ma chère maman, ne t’inquiète donc pas de ma fatigue ! Succès personnel extrêmement vif, mais La Bigote (pièce de lever de rideau dont je ne suis pas) éloigne, par son titre seul, le public clérical qui est nombreux. Je m’en fiche, je touche un cachet fixe, sans intêret sur la recette. Et c’est une rude leçon pour Baret, l’impresario, qui m’a fait cette crasse de prendre La Bigote au lieu de ma pièce En camarades. »
Besançon, 12 avril
Saint-Étienne, 13 avril
Marseille, 14 avril
Nice, 15 avril
Cannes, 16 avril
Menton, 17 avril
Toulon, 18 avril
Nîmes, 19 avril
Montpellier, 20 avril
Toulouse, 21 avril
Bayonne, 22 avril
Pau, 23 avril
Tarbes, 24 avril
Bordeaux, 25 avril
Nantes, 26 avril
Brest, 27 avril
Rennes, 28 avril
Évreux, 29 avril
Rouen, 30 avril
Dieppe, 1er mai
Cambrai, 2 mai
Arras, 3 mai
Boulogne-sur-mer, 4 mai

14 juillet : La Chair, à Ostende.
21-29 septembre : Au Royal-Kursaal de Dijon, La Chair. Colette à Missy: « Hier en répétant j’ai conduit l’orchestre et ça allait bien. Le soir ça a été un désastre, non seulement pour nous, mais pour tous les numéros du spectacle, et c’était un concert de hurlements et de malédictions dans les coulisses ! Cela s’explique tout simplement : nous avons appris que le chef d’orchestre n’a jamais été chef d’orchestre, il est marchand de vin ! »
4-6 octobre : La Chair, à l’Alcazar-Léon Doux de Marseille.
[ ?] octobre : La Chair, à Biarritz.
9-[ ?] octobre : La Chair, à la Gaîté-Montparnasse, à Paris.
22 octobre : Claudine à Paris, à Nice, au théâtre des Capucines.
6-[ ?] décembre : De nouveau La Chair à la Gaîté-Montparnasse.
9 décembre : Au théâtre de la Renaissance, à 16h30, 5e vendredi de la Parisienne. Colette Willy se produit dans des « danses improvisées ». Au même programme : Cléo de Mérode, Paul Franck, Lucien Rosenberg.
16-18 décembre : La Chair, au Casino-Kursaal de Lyon.
21-23 décembre : Au théâtre des Capucines, à Nice, Claudine à Paris.
24 décembre-4 janvier 1911 : Au théâtre des Capucines, à Nice, Colette interprète la danseuse Daphnis dans Xantho chez les courtisanes, comédie en vers de Jacques Richepin, musique de Xavier Leroux. Colette à Missy : « Ce soir je joue encore Claudine et à minuit ½ on répète Xantho, il faut que je sois là pour la musique, et pour connaître le plan dont je disposerai pour danser (un fond d’assiette à dessert, à peu près ?)

1911

13-20 janvier : La Chair, à l’Etoile-Palace, 41, avenue de Wagram.
14-22 février : À Nice, Colette reprend Xantho chez les courtisanes au théâtre des Capucines. Elle est accompagnée par Auguste Hériot ; ils séjourneront aussi à Beaulieu et à Monte-Carlo.
Mars : A Tunis, Colette joue Claudine à Paris et danse dans Xantho chez les courtisanes.
14-27 avril : La Chair, à la Gaîté-Montparnasse.
Avril ou mai : La Chair, à Marseille.
23-29 juin : La Chair, à l’Apollo-Théâtre de Genève.
30 juin-2 juillet : La Chair, au Kursaal de Lausanne, où Henry de Jouvenel vient la retrouver.
28 août-11 septembre : À Ba-Ta-Clan, 50, boulevard Voltaire, création de Aux Bat. d’Af ., mimodrame de Georges Wague, tiré d’un roman d’Aristide Bruant et Arthur Bernède, musique d’Albert Chantrier. En jupon court et bas noirs, Colette joue le rôle de la Pouliche, danseuse éprise d’un déserteur de la Légion. Colette à Christiane Mendelys : « Ça s’est très bien passé hier soir, malgré l’orchestre indiscipliné, malgré les répétitions insuffisantes, malgré Colette qui remplace une science chorégraphique par la plus aimable fantaisie et un culot qu’elle ne tient pas de sa mère. Quatre rappels, c’est bien pour Ba-Ta-Clan, tu sais, et pour 28 degrés à l’ombre. »
12-18 septembre : À Ba-Ta-Clan, reprise de La Chair.
29-30 septembre : La Chair, aux Folies-Bergère du Havre.
28 octobre-5 novembre : Colette Willy et Paul Franck dans La Romanichelle, à Ba-Ta-Clan.
17-30 novembre : La Chair, à l’Étoile-Palace.
1er-14 décembre : L’Oiseau de nuit, mimodrame de J.M. Alène et Georges Wague, musique d’Albert Chantrier, danses réglées par Cernusco. À la Gaîté-Rochechouart.

1912

8 février : Au Cercle de l’Union artistique, Colette parle du café-concert, et exécute une « danse assyrienne » puis une « danse montmartroise », avec Christine Kerf.
15-28 février : reprise de En camarades, au théâtre Michel.
3 mars : À 14h.30, La Romanichelle, avec Colette Willy et Paul Franck, au Casino-Palais du Soleil à Monaco. Les mêmes, à 20h.30, au Casino municipal de Beausoleil.
6-7 mars : Colette et Paul Franck jouent La Romanichelle à l’Eldorado-Casino de Nice.
29 mars : Au cours d’un spectacle organisé au théâtre Antoine, en matinée, par la Société des dessinateurs humoristes, Colette Willy interprète un extrait de ses Dialogues de bêtes, avec Firmin Gémier (Toby-Chien) Suzanne Després (Kiki-la-Doucette), Colette étant la petite chienne en visite.
4 avril-4 mai : À Ba-Ta-Clan, dans la revue Ça grise, Colette joue un tableau intitulé La Chatte amoureuse, pantomime humoristique réglée par Georges Wague sur une musique de Roger Guttinguer. Dans la même revue figure Musidora.
18 septembre-4 octobre : À Ba-Ta-Clan, reprise de L’Oiseau de nuit.
25-31 octobre : L’Oiseau de nuit, à l’Apollo-Théâtre de Genève.
Novembre : L’Oiseau de nuit, à la Gaîté-Montparnasse. À ce propos, le chansonnier Georgius ( Au lycée PapillonÇa c’est de la bagnole !) a laissé un curieux témoignage (passé en vente publique à Drouot, le 16 mai 2014). A l’époque jeune chanteur, il est sous contrat à la Gaîté lorsque s’y produisent Colette, Wague et Christine Kerf : « Une fille bizarre un peu bohémienne demandait asile un soir d’orage à un couple de paysans. Le mari tombait amoureux de cette sauvageonne. La femme, jalouse, finissait par tuer cet oiseau de malheur. Pour jouer ce personnage, Colette portait une grande robe de volants. Elle virevoltait, tournait tour à tour dans les bras du rustre qu’elle voulait séduire, ou dans ceux de la femme qui désirait la chasser. Colette, pour faire plus vrai, jouait les pieds nus et, ce qui était plus audacieux, ne portait ni culotte ni cache-sexe, si bien que les spectateurs des premiers rangs plongeaient avec curiosité sur son intimité. Dès la première représentation, les artistes et le directeur en firent le sujet de toutes leurs conversations. A cette époque, la Gaîté-Montparnasse gardait la tradition des vieux caf’conc’. Les spectateurs avaient droit à la cerise à l’eau-de-vie, au bock ou au café crème. Les garçons qui évoluaient au milieu des travées pour déposer les consommations sur des petites planches placées devant les clients se disputaient le droit de desservir le premier rang.[…] Et chaque fois qu’ils rentraient à l’office avec leur plateau vide, ils échangeaient invariablement cette réflexion :
— Qu’est-ce que je t’avais dit ? C’est une vraie brune, hein ?
Dès lors, le directeur, fit réserver les premiers fauteuils à ses habitués. Parmi eux un baryton célèbre de l’Opéra Comique. Comme notre directeur lui demandait son impression, le chanteur répliqua :
— Ça me rappelle ce que je chante dans Carmen : « Un oeil noir me regarde… »
Un soir, il s’adressa à Galtier-Boissière :
— Alors, votre avis ?
— Elle a un indéfrisable. »
Décembre : Sept représentation de L’Oiseau de nuit à Marseille.

Les Pantomimes

Le Désir, la Chimère et l’Amour (1906)

Mimodrame de Francis de Croisset (argument) et Jean Nouguès (musique). Colette joue le rôle d’un faune. Argument : « Faune égaré dans un délicieux jardin, situé sur la lisière d’un bois, que fréquentent des couples amoureux, Mme Willy se substitue au dieu de marbre dont la beauté séduit les jeunes femmes. Dans sa rigide immobilité, le Faune reçoit à son tour les hommages et les baisers de tout un monde galant venu pour admirer la statue ; et finalement il parvient à faire la conquête d’une des jeunes filles qu’il entraîne au fond du bois. »

La Romanichelle (1906)

Pantomime de Paul Franck. musique d’Édouard Mathé. Colette est la romanichelle. Argument : Pas de résumé précis, on sait qu’elle apparut « sous la forme charmante, mais inattendue, d’une petite bohémienne capricante et sauvage, à peine vêtue de loques qui laissent voir sa nudité blanche… » (selon Curnonsky).

Pan (1906)

De Charles Van Lerberghe, musique de Robert Haas, « drame satyrique en trois actes, en prose ». Colette est Paniska. Sujet de la pièce : « Pan est mort », criait une voix sur la mer, selon Plutarque. Non, il n’est pas mort, dit Van Lerberghe ; la preuve en est qu’il entre dans l’humble maison d’un couple dont il va aimer immédiatement la fille, Paniska, qui le lui rendra bien ; ils s’unissent sans être passés devant M. le bourgmestre et M. le curé : les autorités civiles et religieuses sont bafouées. Un printemps anormal et exubérant salue cette union contractée sous les auspices du libre amour. On veut imposer à Pan un concordat aux termes duquel il pourrait rester dans la commune. Il le refuse. Le rideau tombe sur son triomphe.

Rêve d’Égypte (1907)

Pantomime de Missy, musique d’Édouard Mathé. Argument : Dans un intérieur quelconque, un homme en complet marron consulte un vieux livre. Au fond, un sarcophage laisse apercevoir une momie. Celle-ci s’anime et vient mimer une scène d’amour avec l’égyptologue, vers qui elle s’avance, quêtant le baiser qui doit la rendre à la vie. Colette est la momie à laquelle l’égyptologue enlève les bandelettes.

Aux Bat. d’Af. (1911)

Mimodrame tiré par G. Wague d’un roman d’Aristide Bruant et Arthur Bernède, musique de Chantrier. Elle joue la Pouliche.

La Chair (1908)

Scénario de Georges Wague et Léon Lambert ; musique d’Albert Chantrier. Colette interprète Yulka. Argument : « Yulka vit avec le farouche contrebandier Hokartz qui l’aime de toute la force de son âme sauvage, mais Yulka lui est infidèle de toute la force de sa beauté. Elle reçoit en l’absence d’Hokartz, les visites d’un jeune sous-officier dont elle est amoureuse. Le contrebandier surprend leur rendez-vous, et surgit tout à coup : il désarme et assomme à moitié le séducteur, qu’il jette ensuite dehors. Restés seuls, l’amant exige une explication, il veut savoir. Yulka reste muette ; il la tuerait peut-être si, dans la lutte, son vêtement se déchirant, ne laisse apparaître « la Chair » dont il est sauvagement épris. Yulka fuit, épouvantée, tandis que dans la folie de son désespoir et l’impossibilité de la posséder encore il se tue devant la porte irrévocablement fermée. » – C’est le plus grand succès de Colette ; elle reprend régulièrement, pendant près de cinq ans, le spectacle, à Paris, en province, dans les pays limitrophes (Suisse, Belgique).

Colette interprète une « Danse égyptienne », musique d’Ingelbrecht, dans La Tour du silence, pièce en trois actes du Suédois G. Collijn (1909). Elle est accompagnée à la flûte et à la harpe.
Elle a aussi des scènes dansées dans Xantho chez les courtisanes (1910), comédie en vers de Jacques Richepin, musique de Xavier Leroux.

Colette La Chair sein scandale

L’Oiseau de nuit (1911)

Mimodrame en un acte de J. Alene et G. Wague, musique de Chantrier, danses réglées par Mme Cernusco. Argument : La scène se passe au Pays basque. Après le fandango qui clôt un jour de fête, une étrange visiteuse s’introduit chez une maison où vivent deux couples, les parents et le ménage du fils ; la nuit, elle veut y introduire un complice, mais elle est surprise par le fils. Pour le réduire au silence elle cherche à l’affoler et y réussit ; il perd la tête et veut la violenter : « Il y a là une scène d’une intensité indescriptible… Mais la quiétude du foyer un instant troublée par la venue de cet oiseau magnifique est rétablie ; l’épouse chasse l’aventurière de la maison si tranquille et si heureuse, où elle avait failli semer le désespoir, la trahison et la mort. »

Elle exécute (1912), lors d’une conférence sur le music-hall, une « Danse assyrienne », puis une « Danse montmartroise ».

La Chatte amoureuse (1912)

Pantomime humoristique, musique de Roger Guttinguer, dans la revue Ça grise. Argument : Le sculpteur Pygmalion tombe amoureux de sa statue, Galatée. Par un concours de circonstance des plus extraordinaire une chatte se trouve près de la statue quand un magicien lui donne vie ; la chatte prend taille humaine, tout en restant chatte, et tombe amoureuse, comme Galatée, non pas de Pygmalion, mais de son bel esclave, Ganymède. La chatte est jalouse quand elle est amoureuse ; elle tente par tous les moyens de déranger les amants et quand ses efforts se révèlent vains, elle les fait surprendre par Pygamalion. Les dieux viennent au secours de l’amoureux bafoué et envoient la foudre qui remet bon ordre : la statue redevient statue et la chatte retrouve sa taille d’animal…

Colette Bataclan ça grise chatte
  • Colette
    1873 - 1954