Après son mariage, le couple Gauthier-Villars habite provisoirement la garçonnière de Willy, au 55 quai des Grands Augustins, au-dessus des éditions Gauthier-Villars, dans le 6ème arrondissement. Colette ne se plaît pas dans « cet appartement impudique, agencé pour la commodité et la négligence d’un célibataire dissolu. » (Mes apprentissages, 1936)
En juin 1893, le couple s’installe dans un appartement plus grand au 28 Rue Jacob, « au troisième étage, entre deux cours… Du moins l’une des cours, qui regardait le nord et la rue Visconti, m’offrait des toits de tuiles anciennes, qui me rappelaient la tuile de Bourgogne. […]Rue Jacob, je ne me souviens pas d’avoir fait autre chose qu’attendre. » (Trois… Six… Neuf… 1944)
Trois ans plus tard, Colette et Willy passent de la rive gauche à la rive droite et louent un atelier de peintre au 6ème étage, 93 rue de Courcelles, dans le 17ème arrondissement.
Dans la même rue, Colette et Willy, enrichis par le succès de Claudine à l’école, habiteront un appartement plus spacieux, au-dessus duquel Colette transformera un atelier en salle de gymnastique. Elle s’y exerce souvent seule, lassée des infidélités de Willy.
Séparée de Willy, Colette emménage dans un rez-de-chaussée, 44 rue de Villejust. « Tantôt soulevée d’une allégresse nouvelle, tantôt assoupie dans une sécurité sans borne et sans motif, je sais que je voulus vivre et mourir là. », écrit-elle dans Trois… Six… Neuf… (1944). Mais elle se rend souvent, non loin de là, chez Missy, rue Georges-Ville.
À son grand regret, elle doit cependant bientôt quitter cet appartement, l’immeuble dans lequel il se trouve étant sujet à des transactions. Elle s’installe à contrecœur dans le quartier des Ternes, dans le 17ème arrondissement.
Sa nouvelle passion pour Henry de Jouvenel, rencontré au journal Le Matin (auquel elle collabore depuis décembre 1910) la conduit à s’installer chez lui, au 57 rue de Cortambert, au cœur de Passy, dans un chalet suisse. « De cette exceptionnelle saison du cœur date l’ère de [s]es gîtes exceptionnels. » (Trois… Six… Neuf…)
Le chalet s’avérant une très fragile construction, les Jouvenel s’installent dans un petit hôtel particulier, au 69 boulevard Suchet, dans le 16ème, à la limite d’Auteuil et du Bois de Boulogne. Après leur rupture et le départ d’Henry de Jouvenel, en 1923, Colette y vivra jusqu’en 1926.
Ayant divorcé d’Henry de Jouvenel, s’étant séparé de Bertrand,son beau-fils, ayant rencontré Maurice Goudeket en 1925, Colette ne trouve plus de charme à la maison d’Auteuil. Elle déménage une nouvelle fois pour s’installer, en novembre 1926, 9 rue de Beaujolais, au Palais Royal, dans un entresol. Mais elle rêve déjà de l’étage supérieur.
Atteinte de bronchite chronique en raison de l’humidité du « tunnel », Colette doit quitter l’entresol du Palais-Royal pour chercher un air plus sain, sur les conseils de son médecin. Elle s’installe tout en haut de l’hôtel Claridge, sur les Champs-Élysées, où elle jouit de deux pièces, du confort hôtelier et d’une magnifique vue. Maurice Goudeket, pour la forme, loue une chambre voisine.
La faillite du Claridge oblige une nouvelle fois Colette à déménager : elle « traverse » les Champs-Élysées pour s’installer avec Maurice Goudeket, qu’elle a entre-temps épousé, 33 rue de Marignan, au 8ème étage, dans un 4 pièces neuf… mais pleins de surprises désagréables, la construction en étant fort peu solide.
En janvier 1938, Colette réalise son rêve : Gustave Quinson, directeur du théâtre du Palais-Royal lui a cédé son appartement et elle retrouve, 9 rue de Beaujolais, au premier étage, cette fois, la vie du Jardin, immuable et charmante. « J’aime à penser qu’un sortilège conserve, au Palais-Royal, tout ce qui périclite et dure, ce qui s’effrite et ne bouge pas. » (Trois… Six… Neuf…).
La maison natale, « grande maison grave, revêche […], maison qui ne souriait qu’à son jardin » particulièrement célébrée dans La Maison de Claudine (1922) et Sido (1930, irriguera toute son oeuvre, de Claudine à l’école aux derniers écrits, d’une superbe nostalgie littéraire. Colette y aura passé les dix-huit premières années de sa vie. Le départ de la famille pour cause de dettes fut un véritable traumatisme pour la jeune femme qui devenue écrivain n’aura de cesse de la reconquérir par l’écriture. En 1925, François Ducharne, riche soyeux lyonnais, racheta la maison pour la lui offrir. Elle la garda jusqu’en 1950.
Dépossédée de sa relative fortune, la famille Colette quitte Saint-Sauveur pour Châtillon-Coligny à la fin de l’année 1891 et va s’installer auprès d’Achille. Colette y vivra jusqu’à son mariage. Elle n’évoquera guère cette période de sa vie, sauf à se remémorer les tournées lors desquelles elle accompagnait son frère aîné, médecin de campagne. On peut encore y voir la maison d’Achille (rue de l’église), les maisons de Sido (rue de l’égalité) et la tombe où sont enterrés Sido, le Capitaine, Achille et Léo.
La vente de Claudine à l’école lui ayant beaucoup rapporté, Willy achète en septembre 1901, le domaine des Monts-Boucons à 3 kilomètres de Besançon. Colette, qui s’y plaît beaucoup, en fera le « Casamène » de La Retraite sentimentale. « Le goût de mes heures franc-comtoises m’est resté si vif qu’en dépit des années je n’ai rien perdu de tant d’images, de tant d’étude, de tant de mélancolie » écrit-elle dans Mes apprentissages (1936)
Entre 1906 et 1910, Colette et Missy séjourneront plusieurs fois au Crotoy, Villa « Belle plage » et « Villa des Dunes ». Ces séjours inspirent à Colette quelques belles pages des Vrilles de la vigne (1908).
Entre Saint-Malo et Cancale, près de Saint-Coulomb, Missy achète en 1910 une grande maison qui regarde la mer, et qui, devenue la propriété de Colette après leur séparation, sera un lieu de vacances privilégiées jusqu’en 1926 pour Colette, sa famille et ses amis. Cette belle côte cancalaise sera le décor du Blé en herbe (1923).
C’est à Varetz, près de Brive-la-Gaillarde, que se situe le château de famille des Jouvenel, où Colette, devenue baronne, fera quelques séjours, et où la petite Colette passera une partie de sa petite enfance. Colette évoquera cette région notamment dans Les Heures longues (1917) et La Chambre éclairée (1921).
Pendant l’exode, Colette de Jouvenel accueillera sa mère et Maurice Goudeket à Curemonte, village perché de Corrèze, dans les communs de deux châteaux en ruine, que lui prête l’épouse de son frère Renaud, et dont elle deviendra propriétaire en 1940. Colette y séjourne de juin à septembre 1940, et elle s’y ennuie… Elle y écrit la première partie de Journal à rebours.
En 1926, conquise par la Provence, Colette vend Rozven et achète une maison sur la route des Cannebiers à Saint-Tropez. Elle y goûte un bonheur toujours renouvelé, y écrit beaucoup et en fait le cadre de La Naissance du jour (1928). Mais Saint Tropez étant, de village de pêcheurs, devenu lieu de villégiature à la mode, Colette revendra sa maison en 1939.
En 1930 Colette et Maurice Goudeket acquièrent une maison à Montfort-l’Amaury, qu’ils revendront moins d’un an plus tard.
En février 1939, Colette achète la villa « Le Parc », à Méré, près de Montfort-l’Amaury, qu’ils revendront deux ans plus tard, sans que Colette se soit attachée à cette maison, « qui n’avait pas encore capté [s]on cœur » écrit-elle aux petites fermières, en juin 1941.