Celle qui en revient

COLETTE, Celle qui en revient suivi de quelques autres dialogues de bêtes. Paris, Ernest Flammarion, coll. « Une Heure d’oubli… », s.d. [1921], plaquette in-16, agrafée, couverture illustrée d’une vignette en couleurs de Jacques Nam, 61 pp. Edition en partie originale. En bonne condition.

Colette avait débuté avant-guerre une nouvelle collaboration éditoriale en donnant aux éditions Flammarion L’Envers du music-hall. Après quelques rééditions (La Retraite sentimentale en 1914 ou L’Entrave en 1919), Celle qui en revient est le second ouvrage original ou, ici, en partie originale, qu’elle y donne.

Elle y reprend ses quatre premiers dialogues de bêtes publiées au Mercure de France en 1904 et « Elle est malade » qui avait été publié dans Sept dialogues de bêtes, en 1905, auxquels elle ajoute deux textes inédits : « La Chienne qui en revient » et « Les Bêtes et la Tortue ».

Kiki-la-Doucette et Toby-Chien, compagnons des années Willy, ont laissé la place à un nouveau bestiaire : La Bergère, La Chienne Bull, La Chatte noire, La Persane et une énigmatique tortue. La guerre aussi est passée par là. Ainsi, dans « La Chienne qui en revient », l’écrivaine met en scène « La Bergère », dont les rêves sont hantés par l’expérience de la vie les tranchées.

Colette avait consacré deux articles aux « chiens sanitaire », le premier le 15 janvier 1914 (repris dans La Paix chez les bêtes) et le second publié le 29 mai 1915 (repris dans Les Heures longues). Elle fut une des premiers écrivains à témoigner de la part que les animaux prirent au conflit et à rendre hommage à leur « héroïsme » auprès des soldats dont ils furent les plus fidèles et bien souvent les derniers compagnons.

Par bien des aspects, le cauchemar de « La Bergère », revivant les pires heures de la guerre, annonce celui de Chéri dans La Fin de Chéri, pour dire l’incapacité d’une génération – d’hommes et de bêtes – à vivre à nouveau : « Nous avons trop longtemps habité un pays où l’âme n’a pas de repos, et où le corps désespéré veille malgré lui quand défaut l’âme. »

Il n’est pas anodin que ce texte, devenu rare, paraisse dans la collection lancée par les frères Fischer en 1920 chez Flammarion. « Une heure d’oubli » rassemblait des textes complets d’auteurs contemporains dans un format « élégant et pratique » et était diffusée, d’après la publicité de lancement, « par centaine de milliers » et vendue à bas prix (0,45 francs). Cette collection, comme Select-collection, visait à  concurrencer Ferenczi, leader sur ce marché et éditeur attitré de Colette. La participation de cette dernière à la collection fut annoncée dès le lancement et faisait partie, bien sûr, de la stratégie de la maison d’édition. Elle témoigne bien du changement de statut de l’auteur après-guerre.

Contrairement à ce que disent bien des biographes, c’est en couverture Celle qui revient qu’apparaît pour la première fois la signature Colette (et non en tête du Blé en herbe, publié deux ans plus tard).

Colette
1873 - 1954
La Société des amis de Colette est une association loi 1901, reconnue d’utilité publique. Elle a été créée en 1956 afin de perpétuer le souvenir de Colette et de promouvoir son œuvre. Elle rassemble aujourd’hui plus de 500 membres. Adhérez

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