Ces dames anciennes

Ces dames anciennes est le dernier ouvrage publié du vivant de Colette.

D’abord publié dans Le Figaro littéraire du 31 mars 1951, le texte fut ensuite confié à l’Ecole Estienne qui, sous l’impulsion de Marcel Saurin, inspecteur général, et du directeur de l’époque, Robert Ranc, avait initié en 1951 une collection d’ouvrages inédits, « Les inédits d’Estienne », entièrement conçus et réalisés par les élèves de la célèbre école formant au métier du livre et de l’imprimerie

Pour l’occasion, ces derniers imaginèrent des pages lignées et un caractère proche de l’écriture calligraphiée imprimé en violet sur du papier bleu. L’auteure de Claudine à l’école ne pouvait rêver plus bel hommage.

Après un demi-siècle de création, Colette revenait une dernière fois sur les traces de son enfance poyaudine à travers l’évocation de ces vieilles dames « irréductibles, qui avançaient dans le siècle et ne se voulaient inféoder qu’à leur chef-lieu de canton » et donnaient « des touches de couleur et d’animation » à son village natal.

Comment oublier Mme Bourgneuf et « ses sucres d’orge de Vichy, d’un vert glacial », Mme Jarry « en robe noire de léger mérinos, couronnée de papillotes en « papier fin » », carrée  « dans la profonde embrasure de sa fenêtre » ou bien encore « la majestueuses pendule blanche et or, assise sur la cheminée du salon » de Mme de Cadalvène dont Gabrielle attendait « que son petit marteau en forme d’olive tintât, reflété dans la glace haute »…

La composition du texte laisse à penser qu’il fut bâti de toute pièce à partir de morceaux épars. Les épreuves corrigées, récemment proposées à la vente par un libraire, ne portent d’ailleurs que des corrections de la main de Maurice Goudeket. Colette était alors telle que l’a décrite Jules Roy, le 10 avril 1954 : « Elle parlait, à demi égarée, de sa belle voix grave, en agitant ses mains comme des ailes de papillon, et ses yeux noirs, aux orbites déjà creusées par la mort, essayaient d’engloutir le monde. Elle parlait comme si elle était dans l’autre monde, ne revenant dans celui-ci, comme un oiseau du crépuscule, que pour plonger sur une proie et l’emporter, toute vivante, dans son bec. »

Colette
1873 - 1954
La Société des amis de Colette est une association loi 1901, reconnue d’utilité publique. Elle a été créée en 1956 afin de perpétuer le souvenir de Colette et de promouvoir son œuvre. Elle rassemble aujourd’hui plus de 500 membres. Adhérez

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