Les Vrilles de la vigne rassemble des textes parus précédemment au Mercure musical ou dans La Vie parisienne. Colette s’essayait pour la première fois à un procédé qu’elle devait généraliser par la suite : la composition de recueils à partir de textes d’abord publiés dans la presse. Si la motivation économique est certaine de la part d’une femme qui avait à cœur d’assurer son indépendance financière, ce choix correspond également aux nécessités de sa nouvelle vie de saltimbanque rythmée par les engagements et les tournée.
Le lyrisme qui semblait éclore dans Dialogues de bêtes et dans La Retraite sentimentale se déploie fastueusement dans les textes rassemblés ici sous le signe de l’émancipation et de la libération. Ainsi, le premier texte qui donne son titre au recueil met en scène un rossignol prisonnier des vrilles d’une vigne et qui par son chant réussit à se libérer : « Quand la torpeur d’une nouvelle nuit de miel a pesé sur mes paupières, j’ai craint les vrilles de la vigne et j’ai jeté tout haut une plainte qui m’a révélé ma voix !… »
A l’exception des « Vrilles de la vigne » et du « Miroir », chaque texte du recueil est dédié à quatorze personnalités proches de Colette : Willy, Meg Villars, Sacha Guitry, Léon Hamel, Renée Vivien… Ces dédicaces disparaitront au fur et à mesure des rééditions, au gré des amitiés ou des inimités de l’auteur. « Nuit blanche », « Jour gris » et « Dernier feu », qui suivent l’allégorie du rossignol, débutent par un envoi « Pour M… », dédicace transparente à Missy, Mathilde de Morny, qui partageait la vie de Colette depuis la fin de l’année 1905. La disparition de la dédicace dans les éditions ultérieures rendront difficilement identifiables l’être aimé auquel s’adressaient ces textes. Seul un accord féminin à la fin de « Nuit blanche » – parfois supprimé volontairement ou involontairement – permettait aux lecteurs les plus attentifs de deviner qu’il s’agissait d’une femme.
L’édition originale est réputée rare et recherchée et est rarissime en grand papier. Quelques exemplaires furent imprimés sur Hollande sans qu’ils figurent à la justification. La notice de l’édition du Fleuron mentionne entre 15 et 20 exemplaires et Léon Delanoë dans la bibliographie de la Pléiade signale un tirage à 15 exemplaires du Hollande. On peut estimer que ce tirage fut de 20 exemplaires, le n°20 ayant été relié par Bonnet en 1951 (Carnets n°979).
Bibliographie : Alain Brunet, « Editions originales (Les Vrilles de la vigne) », Cahier Colette n°9, Société des amis de Colette, 1987.