« Croyez-vous au seconde métier de l’écrivain ? » interrogeait ingénument Colette, en 1932, en lançant son magasin de produits de beauté. Un deuxième ? Un troisième, un quatrième, un cinquième eût été plus exact, tant l’écrivaine s’employa en près de cinquante ans à se divertir du métier d’écrire. Parmi ces carrières multiples, seule la scène faillit la détourner définitivement de l’écritoire. Les lettres réunies dans ce volume évoquent toutes cette passion pour le théâtre. Parmi elles, on distingue deux ensembles, le premier, consacré aux années de mime entre 1906 et 1913, réunit les lettres à Léon Hamel, le parfait confident, et à George Wague, son ami et professeur, ainsi qu’à la camarade puis épouse de celui-ci, Christiane Mendelys, le second couvrant les années 20 et 30 regroupe les lettres adressées à Léopold Marchand, le collaborateur et ami de Colette, avec lequel elle écrivit les adaptations de Chéri et de La Vagabonde.
Cette correspondance complète les confidences à peine voilées par la fiction de La Vagabonde, de L’Entrave et de L’Envers du music-hall pour les années 1906-1912. Elle atteste du profond attachement de l’écrivaine pour l’univers des coulisses et pour ses camarades de tournée. Jamais, peut-être, Colette ne fut plus heureuse que dans la compagnie de « ces abeilles pauvres et sans butin ». De tous les personnages de l’œuvre, ils sont peut-être les plus purs.
Irremplaçable document pour comprendre les années de mime et les liens de Colette avec le monde du théâtre, les Lettres de la Vagabonde retracent un peu plus de trente ans de la vie de Colette et apporte des informations essentielles à la compréhension de sa vie et de son œuvre.
