Regarde…

Edition originale des deux textes inédits de Colette (« Regarde » et « La Flaque ») et premier tirage des  20 dessins de Mathurin Méheut coloriés au pochoir par Jean Saudé.

Le peintre d’origine bretonne, Mathurin Méheut, s’était fait connaître avant-guerre grâce une première exposition présentée en 1913 au pavillon de Marsan réunissant des dessins et aquarelles réalisées alors qu’il était installé à la station météorologique de Roscoff, et, la même année, par ses illustrations de l’ouvrage de Maurice Pillard Verneuil, Etudes de la mer : Faune et flore de la Manche et de l’Océan (éd. Albert Lévy, 1924), dont il avait adressé un exemplaire à Colette avec cet envoi : « à Madame Colette, celle qui « pige » si bien les bêtes… et les hommes. Respectueux hommages, Mathurin Méheut. »

Ces premières réalisations donnèrent au libraire parisien Jean-Guy Deschamps l’idée de concevoir un ouvrage pour la jeunesse dont l’objectif sera résumé par Colette : « Regarder, c’est apprendre ». L’idée, novatrice, est d’attiser la curiosité des jeunes lecteurs par le spectacle de la beauté. Un plaisir réservé à une certaine élite, si on en croit le prix de vente de l’ouvrage (165 francs) qui est dix fois supérieur à la moyenne des ouvrages pour la jeunesse de l’époque.

Est-ce Deschamps ou Méheut qui eut l’idée de solliciter l’auteur du Blé en herbe pour accompagner les dessins de la faune et de la flore bretonne ? Quel qu’il soit, l’idée la séduisit. Bien qu’elle fût installée depuis 1926 à Saint-Tropez, elle demeurait très attachée aux paysages de la côté cancalaise où elle avait possédé pendant près de quinze ans la villa Rozven, vendue en 1924 comme elle l’évoque dans l’envoi à Jean-Henri Adam.

Le travail débuta en 1927 et prendra deux années. Deschamps ne ménagea pas ses efforts pour faire du résultat de cette collaboration un ouvrage d’exception. L’impression fut confiée à L’Imprimerie nationale et pour la mise en couleurs des dessins, il fit appel à Jean Saudé, considéré comme le maître de l’art du pochoir, auteur en 1925 d’un Traité d’enluminure d’art au pochoir.

Le résultat fut à la hauteur de l’exigence, du savoir-faire et du talent des trois protagonistes. Colette, la première, ne cache pas son enthousiasme : «  Quelles fraîches couleurs, quel beau dessin infaillible ! Cette petite prose s’en va, aidée par vous, jusqu’au bout de l’horizon marin. »

Sans doute une des plus belles réussites du livre illustré et à coup sûr un des plus beaux ouvrages de toute la bibliographie colettienne.

Colette
1873 - 1954
La Société des amis de Colette est une association loi 1901, reconnue d’utilité publique. Elle a été créée en 1956 afin de perpétuer le souvenir de Colette et de promouvoir son œuvre. Elle rassemble aujourd’hui plus de 500 membres. Adhérez

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